La petite prisonnière
© Photographie Benoit Pradeau.
La petite prisonnière
Une enfant qui réfléchit sur le bord de la route
Écoute patiemment les grillons
Et chante avec eux sa mélodie éphémère.
Elle cherche à égayer ses courtes journées
En ressemblant aux pinsons qu'elle croise.
Le coton de ses cheveux brille un peu
Quand je décale mon regard vers la route.
Le rêve s'enveloppe dans ses poumons
Et fait tourner son sang à la vitesse
Des étoiles filantes pressées.
Aux confins du quotidien, elle arrache
Toutes les pommes qui poussent sur les arbres
Qu’elle croque pour garder les lèvres sucrées.
Elle croise aussi les soldats au visage mutilé,
Elle croise alors les bras sagement,
Pour ne pas croiser leurs regards mutilés.
Fouillis de miroirs que la chaleur provoque sur la route,
Amusée par ce mirage, l'enfant caresse ses genoux
Couvert de pansements et de pensées.
Quand la pie viendra se poser à côté d'elle,
Le macadam sera si brûlant et si brave,
Qu'il sera temps pour elle de rentrer,
Qu'elle sera atemporelle dans le soleil couchant.
Elle emportera alors avec elle la mélodie des grillons.
Elle oubliera alors avec les pinsons la maladie des grilles.